ce soir, les murs de l'immeuble sont tout gris. ce soir, il n'y a pas de rires, il n'y a pas de cris. il n'y a que la mélodie amère de mes pensées sanglotantes. il n'y a que ces hurlements brisés, qui raisonnent en boucle dans mon crâne. il n'y a que les larmes acides de l'horloge, ces sanglots étouffés, ces sanglots répétés.
et il n'y a que les bras de cornelio pour me protéger. me protéger des démons, de la nuit, me protéger des flammes ardentes qui s'étendent de ma cage thoracique jusqu'à mon cœur calciné. il n'y a que cornelio pour réchauffer mes bras trop pâles, mes bras glacés.
et il n'y a que lui pour faire taire mon esprit.
corelio, je pose ma tête contre ton épaule frêle et trop carrée. ça fait mal, mais ça fait chaud, mais ça fait beau. cornelio, tes yeux à toi sont fermés, et derrière tes paupières sont gravés des milliers de secrets. cornelio, ton cœur bat la chamade, comme celui d'un enfant. oui, ton cœur valse, oui, ton cœur danse. et cornelio, je mourrai quand il achèvera la cadence. cornelio, tu es la lune et les étoiles, tout rassemblé, tout mélangé. cornelio, tu es ma chance, mon unique chance.
ce soir, tes larmes ne couleront pas, et pourtant, je l'entends, ton esprit qui à toi aussi cri, hurle à s'en briser les cordes vocales. hurler à la mort, hurler à la vie. l'un ou l'autre, c'est pas important.
je pose ma main contre ton cou puis te souris. tu es joli, cornelio, avec tes prunelles galaxies, avec ton cœur qui court les ciels comme un oiseau noirci par la nuit.
- sois pas malheureux. sois un peu moins que ça, un peu mieux.
je lui dis. sois pas malheureux, cornelio, c'est pas joli quand on voit le noir de tes yeux même à travers tes paupières fines et blanches, sur lesquelles tes veines ont tracé des chemins bleutés.
- viens. regarde plutôt les étoiles avec moi, à travers le plafond.
il suffit d'imaginer. puis elles sont toujours jolies, les étoiles, même à travers ce plafond tout gris.