Who is in control ?

D’abord il y a maman. Elle est belle maman, elle est douce, elle réconforte. Elle sait toujours quand ça va pas, quitte à être un peu étouffante. A côté, il y a papa. Enfin, celui que j’appelle papa. Il y a papa, papa qui bouffe maman avec sa grosse voix, ses grosses mains et sa colère. Maman elle n’ose rien dire, rien faire quand il est là. Quand il est pas là par contre, elle prend vie. Un jour, elle a tellement pris vie qu’elle est tombée amoureuse. C’était un autre, c’était en France. Il était beau, elle était en vacances, et elle a bien vite oublié papa. Papa, c’est pas mon père, mais ça le met en rage quand on en parle. Papa, il a préféré élever le fils d’un autre que de dire au monde entier qu’il avait été fait cocu. Papa il est fier, et maman elle n’ose plus faire un pas de travers.

Lorenzo. Un prénom bien italien pour bien prouver que je suis le fils de mon père. Pourtant il n’arrive pas à faire oublier ces cheveux bien trop roux pour ceux d’un Barsini. Ces cheveux, ce corps trop long, trop fin, et ce visage qui ressemble à celui d’une fille. Coupe tes cheveux, il dit papa, et trouve toi un boulot. Et moi j'ai coupé mes cheveux, je les ai cachés et j'ai travaillé avec papa. Mais quoi ? Un jour on m’a dit viens, et je suis venu. Et c’était beau, c’était il y a déjà un moment mais je ne sais plus. C’était un immeuble, un secret on a dit. Un endroit que pour nous, où Lorenzo il existait plus. Où j’ai pu faire tout ce que je voulais sans aucune limite. Papa, il était loin bien loin d’ici. Papa et le regard inquiet de maman. Et moi j’ai vécu.

J'ai vécu au lieu de survivre, d'être simplement présent physiquement. Papa il frappe quand ça ne lui plaît pas. Il n'aime pas trop quand je vis trop fort. Chez papa et maman, je fais semblant et comme ça je suis tranquille. Parfois on dit que Lorenzo il est PD, on rigole mais ça glisse sur moi. Ils ne me touchent pas, je sais qui je suis et je n'ai pas besoin de ces gens-là. Mais dans l'immeuble je vis. Je m'évade. La cigarette, l’alcool, mais pas la drogue. Je ne touche pas aux drogues, ou pas que je sache. Je n'en ai pas besoin. Quand la musique résonne, mon corps il bouge tout seul. Il y a cette fille qui m'a appris à jouer à la ballerine, et quand je danse avec elle je vole. Mes cheveux, ils sont devenus ceux d’une sirène et parfois, parfois seulement, j’en deviens une.

Pauline La Volpe 21 ans Paris  

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Danila Polyakov Lorenzo Barsini