la vie en rose

La première fois où tu t’es pris un coup. T’avais pas pu faire autrement. Autrement que d’aller voir papa. Parce que t’étais encore qu’un gamin. Parce que tu comprenais pas pourquoi, la main s’était levée sur ton visage. Alors, t’étais allé le voir. Pour qu’il te console. Pour qu’il essuie ton nez plein de morve. Gamin en pleure. Mais, t’avais pas eu les mots réconfortants. T’avais pas eu l’étreinte réconfortante. Non, y avait eu que ces quelques mots. « Ça t’apprend à devenir un homme. » Un homme.

Toi, ça t’avais juste fait mal.
Oui, juste ça.
Pas plus homme qu’avant. Et puis. De toute façon, tu n’en étais pas un. Un homme. Parce qu’avec ton nez plein de morve, t’avais juste l’air minable. Parce qu’avec tes grands yeux pleins de larmes, t’avais juste l’air de ce que t’étais. Gamin. Un gamin qu’avait pas encore de poil au nombril. De poil au cul ou même au sexe. Alors, un homme. Non, t’en étais pas un. Mais, papa c’est ce qu’il t’avait dit. T’avais pas compris à cette époque. Peut-être étais-tu encore trop jeune ?

Parce que la seconde fois où tu t’es pris un coup. C’est la bague de papa qui t’a ouvert la lèvre. Un regard trop noir. « Tu me fais honte. » Mais, cette fois-ci, t’avais pas pleuré. Tu l’avais juste fixé. Puis tourné le dos. T’avais échoué. T’avais fait comprendre, encore une fois, que t’étais pas ça. Que tu ne serais jamais, le descendant de cette putain de famille. Que t’étais bien ce qu’il répétait sans cesse. « Un petit con pas capable de tuer une mouche. » Oué, t’étais ça.

Toi, tu comprenais pas les mains pleines de sang. Les nez pleins de poudres. À quoi bon ? Pourquoi faire ? La vie n’était-elle pas assez compliquée ? Pourquoi en rajouter. Pourquoi se faire la guerre ? Pourquoi ? Pourquoi ? Tu te le répétais tous les jours. Comme tes paternels. Pourquoi avoir fait un fils comme ça ? D’où sortait ce vilain petit canard ? Parfois même, papa, il te disait que t’étais pas de lui. Mais, tu savais que tout ça était faux. Tes grands yeux bien trop semblables aux siens. Oué. Il faisait ça que pour te tester. Que pour te secouer. « Cornelio, qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ? Cornelio… »

Tu faisais pas exprès.
Non.
Toi, tu faisais pas exprès de pas comprendre.
Ce monde.
Surement étais-tu trop différent d’eux. Surement étais-tu trop différent tout court. Le garçon qui parle tout le temps. Le garçon qui rit tout le temps. Qui bouge tout le temps. Hyperactif, un peu surdoué. T’as toujours la tête en ébullition. Toujours à tout chercher, à tout comprendre. Mais, sans comprendre ton monde. Non, pas ton monde. Leur monde. Parce que le tien, il était bien clair, là, dans ta tête. Un monde beaucoup trop doux pour les autres. Parce que tu trembles. Cornelio. Tu trembles en pensant ne serait-ce qu’à frapper quelqu’un. Non. Non. Le sang, c’est flippant. Non. Non. Les coups, ça fait mal. Non. Non. La guerre, c’est mauvais.

Alors.
Tu préfères t’y perdre.
Alors.
Tu préfères t’y glisser discrètement.
Là, dans l’immeuble.
Pour sourire délicatement.
Pour rire doucement.
Et puis, surtout pour te laisser aller. Parce que Cornelio, t’as beau être fragile comme il dit si bien papa. T’as pas le physique d’une minette non plus. T’aimes le sport, t’aimes skater. Mais, t’aimes aussi lire et dessiner. Oh oué, le dessin, t’adore ça. Croquer la vie. Croquer les autres. D’ailleurs, c’est toi qu’à dessiné tes tatouages. Parce que c’est pas parce que tu vis dans ton monde, que t’es une toute petite chose. Non.

elsa ☄ reid ☄ 25 ans ☄ a rennes en bretagne ☄ j'étais déjà inscrite sur la première version, mais, j'avais pas eu le temps de m'y donner à fond, ce qui va changer avec ce nouveau compte ! parce qu'ici c'est beau. crédit : oystermag.

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adin taylor ☄ cornelio di bacco