ET TOI, TU FAIS QUOI ? (GINO)

Nos regards se croisent une dernière fois. Je crois que c’est ce qu’on sait faire de mieux : se regarder. Il y a d’abord Chiyo qui trouve la force de me regarder quelques instants et puis ses yeux viennent toujours, toujours, toujours s’écraser sur le bitume.
- Tu viens ?
Je hoche la tête et je me mets en marche.
Nous avançons flanc contre flanc dans un grand silence. C’est bien ainsi.
La nuit nous enveloppe comme une couverture dans laquelle on se plaît à se lover. Je jette des coups d’œil nerveux, parce que je n’oublie jamais le danger qui nous entoure, je n’oublie jamais non plus que j’ai quelqu’un avec un cœur qui bat à protéger. Mais la ville est incroyablement déserte. Même pas une grosse berline qui vient faire ricocher la lumière de ses phares sur les murs sombres de la ville.
On arrive près de chez elle.
Je l’accompagne quand même jusqu’au pas de sa porte, au cas où que son père soit en train de guetter à la fenêtre.
- Bonne nuit.
Je laisse tomber, sans sourire, sans amour, sans réelle inquiétude pour elle.
Je tourne les talons pour m’enfoncer dans la nuit.