LE CONTEXTE

**MESSAGES** : 66 **DEPUIS QUAND** : 18/03/2016

ICI LE JOUR

Il y a d’abord les pères.
Les pères aux doigts pleins de bagues, les pères qui prient le Père, les mains jointes et autrefois rendue écarlates des plaies causées aux autres. Les pères à la tête des familles, les pères à la chemise tendue sur le ventre, les pères qui menacent un jour leurs fils du poing et l’autre qui les embrassent.
Il y a ensuite les mères.
Les mères discrètes, à l’ombre dans les appartements. Les mères aux lourds colliers qui attirent l’œil sur leur poitrine en croyant la cacher.
Et puis il y a les fils et les filles, les fils qu’on regarde avec fierté, les filles dont la beauté émeut. Les enfants qui vivent sous la pression des parents, les enfants qui ont vu du sang couler, qui n’ont pas le droit de faire un pas de travers, les enfants qui n’ont pas le droit aux arts, aux explosions de lumière et de joie. Les enfants qui n’ont pas le droit aux frissons qui font frémir les cœurs, ni aux amours adolescentes.
Devant les pères, ils serrent les dents.
Mais dès qu’ils tournent le dos, ils vont dans l’endroit, un immeuble éclairé par des néons malades, avec des chambres, des canapés, des instruments de musique, un lieu où on peut ouvrir les fenêtres pour laisser les étoiles entrer et pour oublier les coups de poing, de couteau, les coups au cœur, l’homme avec qui il faudra se marier, les gifles des pères, les mains sales, les armes, les larmes.
Cet endroit, les pères ne le connaissent pas.
Mais les enfants s’y retrouvent, le cœur battant et les joues roses d’excitation.
Et là, enfin,
ils respirent.