SUJET COMMUN ☄ DROP BY DROP

**MESSAGES** : 66 **DEPUIS QUAND** : 18/03/2016

Les cloches sonnent la fin de la messe.
Chacun sort lentement, les pieds traînent sur le sol froid, attendant que les petits vieux devant passent la petite porte. Le temps est clair. Lumineux. La chaleur du soleil se fait ressentir - prémices d'un été arrivant.
Derrière la porte en bois, sur le parvis, des cris se mêlent à des hoquets affolés.
Un homme est étendu sur le parvis, il macule la pierre chaude de son sang. Vêtu de son habit du dimanche, la chemise blanche est souillée par le liquide écarlate. Elle est déchirée par l'impact des balles. On devine les chairs cramoisies qui s'ouvrent aux yeux de tous.
Ses yeux sont ouverts sur le vide.
Son visage est resté figé dans une expression d'horreur.
C'est le père d'un jeune homme présent dans l'assemblée.
Le corps de l'homme, échoué là, est comme un message très clair et compris de tous : voilà ce qui arrive quand on se frotte de trop près à nous. Voila ce qui arrive quand on essaie de nous dominer.

La messe fut barbante, comme toujours.
Il a fallu joindre les mains, marmonner des prières, faire semblant de croire au Tout Puissant. Nous sortons tous de l'église d'une démarche absolument lente.
Ça crie sur le parvis.
Les corps se pressent pour voir. J'aperçois alors un cadavre, il nous fixe de son œil ouvert. La dépouille repose dans son sang. Je reste imperturbable face au mort. Je jette un regard autour de moi, j'observe les expressions de tous ceux que je connais. Vu les airs choqués, parfois triste de certains, cet homme était important.
Il me dit rien.
Mais Giosuè, là-bas, a l'air vraiment étrange.

Les derniers mots saints raisonnent dans le grand bloc monolithique.
Puis il y a le fracas d'une voix déraillée qui s'engouffre dans l'église. Les âmes s'empressent de sortir. Chacun y va de son effroi. Il y a des cris, quelques sanglots et des murmures perçants.
J'ai eu très chaud d'un coup. Comme si le soleil s'était effondré sur moi, comme si le Vésuve s'était réveillé d'un long sommeil, recrachant alors toute sa pourriture qui stagnait, là, au fond de ses entrailles.
Puis j'ai eu très froid. J'ai vu ce blanc trop scintillant, ça m'a presque éblouit. J'entends seulement des bruits, des semblants de mots et de syllabes. Les visages livides, je sens la mort qui m'entoure. Il y a des yeux brillants qui se posent sur mon visage.
Et j'ai encore eu très chaud, si chaud que je suffoque. La sueur perle sur mon front, des gouttelettes glissent le long de mes tempes. Mon échine se tend au même rythme que mes phalanges. L'odeur de souffre dessine en moi des souvenirs tristement laids.
Les corps pâles forment un cercle autour de l'homme, qui gît là, sur les pavés chauds du parvis de l'église. Le sang a l'air encore frais à la vue de sa couleur. Je suis si habitué, de voir, ce rouge là, ce rouge qui occupe mes nuits.
Je m'approche.
Ce n'est sûrement pas vrai.

tu te marres,
comme d'hab.
solal il te fait rire,
tout le temps.
vous êtes assis sur un banc,
pas très loin de l'église.
tu fumes un joint,
t'as les yeux tout petits.
tu le passes à solal de temps en temps.
- putain mec, qu'est-ce qu'on fout là ???
la soirée de la veille t'as mise k.o.
tu pensais pas te réveiller aussi tôt.
- t'veux pas qu'on aille se chercher un pack ???
tu commences à te lever,
pour te mettre à marcher.
et puis,
PAN PAN.
PAN PAN PAN.
ça ne s'arrête pas,
c'est bruyant,
c'est rapide,
c'est brutal.
et puis là,
t'es choquée,
tu bouges plus,
tu fais tomber ton joint par terre.
t'arrives même pas à dire quelque chose.
t'es juste figée.

Invité

Solal est là,
là, sans être réellement là.
Dans un espace-temps qui diverge,
loin des cris et des petits croyants,
et pourtant, son corps et tout proche,
il ressent les vibrations de l'effroi sans en prendre conscience.

A l'intérieur de ton être résonne un concert, un joli amas de percussions qui se heurtent inlassablement en ton esprit. C'est vif, poignant, tellement assourdissant que ton corps demeure coincé sur ce banc. Un lendemain de soirée, une cuite qui te prends aux tripes, et à côté, t'entrevois le sourire de Baya. T'as réussis, une énième fois à emporter une pureté dans l'antre de Satan. Il n'a fallut que quelques heures, un joli mélange de substances cancérigènes pour que l'esprit de ce bel astre ne vienne à être corrompu. putain mec, qu'est-ce qu'on fout là ??? Tes épaules se haussent vulgairement. Tu t'en fou du comment vous êtes arrivés là, ou bien même du pourquoi, t'as juste besoin d'une dose. Une inspiration de substances illicites pour revigorer ton esprit. Un moyen comme un autre d'émerger. Tes doigts frôlent les siens, t'en joues peut-être un peu, bien malgré toi, et puis t'attrapes ce petit tube cancérigène entre tes doigts. Le joint de la libération matinale.

Le tube se consume entre tes lèvres,
tu tires, inspires cette fumée nocive,
douce substance cancérigène,
qui s'immisce en ton être,
elle glisse, se faufile,
jusqu'à tes organes,
pour enfin d'adoucir.

Et quand tu tournes ton visage, Baya et toujours là. là, à attendre tes mots.

«Peut-être que tu rêvais t'entremêler nos corps dans le lieu sacré. »

Douce provocation, d'un souffle qui s'éteint. - t'veux pas qu'on aille se chercher un pack ??? inconsciemment tu souris. Tu laisses tes lèvres s'entrouvrir par la proposition de ce bel astre. Baya est corrompue, si addictive aux interdits qu'elle en a oublier les règles. Ces normes fondatrices qui empêchent l'être-humain de consommer sans interruption des substances illicites. Et toi, roi des interdits tu souris. T'esquisses ton fameux petit sourire en coin en venant à te relever du banc. Et tu l'entrevois, à essayer tant bien que mal à émettre des pas. Elle tangue, la jolie baya. Navigue sur les flots en laissant son corps être emporté par la marée. Deux pas de retard, tu guettes ses pas, la laisse tant bien que mal se frayer un chemin. Tu pourrais l'aider, accompagner ses pas pour la maintenir à flot. Mais t'en fais rien, c'est bien plus jouissif d'entrevoir la pureté au service du péché. La déchéance d'un ange s'exécute devant toi.

Et puis, des coups résonnent,
un ballet de tires tonne dans l'air,
ça claque,
si fort,
tellement fort,
que les fins doigts de Baya se crispent
et subitement;
tu vois ton joint tomber à terre.
Alors tu jures,
jures contre elle,
sans te soucier des bruits.
Aprés tout, t'as l'habitude,
un habitué des coups de tonnerre
qui tonnent dans l'air,
et percutent un innocent.

» SUJET COMMUN ☄ SOIRÉE MONDAINE CHEZ LES SALVATICI
» DROP THE GAME
» LE SUJET DU FUN